Arrêtez le monde, je veux descendre !!

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(Sans liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. Beaumarchais.)

................................L'église
 
     
 
 
 

 Si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse. (W. Allen)

 

Je tiens à préciser que quels que  soient les propos qui suivent, des gens comme le curé de mon enfance, le prêtre qui m'a marié, tous ceux qui transcendent la religion en une action humanitaire dénuée de tout prosélytisme (Mère Teresa, Soeur Emmanuelle, l'abbé Pierre) et tous les gens croyants et pratiquants que je connais feront que l'église gardera toujours pour moi, un intérêt énorme. Si les mots ci-dessous choquent une de ces personnes, je lui demande dés maintenant de me pardonner. (Et le pardon est une valeur chrétienne). Ceci n'est pas une critique de la foi mais seulement de l'église en tant qu'institution (qui me semble plus humaine que divine...)

 
 

 

L'église.

J'aime beaucoup l'église de mon village natal, c'est mon église, je m'y sens chez moi. J'y ai été baptisé puis marié et il en est de même pour une grande partie de ma famille et de mes amis. J'aime le paradoxe de ce lieu ou l'on vit à la fois nos plus grands bonheurs et nos plus grandes tristesses en ne l'associant ni aux uns ni aux autres. J'y ai travaillé de nombreuses années en tant qu'enfant de cœur auprès d'un prêtre extraordinaire que je n'oublierai jamais, il était la bonté même et représentait pour moi l'image du religieux. Je les croyais tous semblables, admirables de calme, de douceur et de respect pour les autres.

Pendant mon enfance mon plus grand ami, c'était Sam, mon chien, 17 ans de fidélité. Alors un jour j'ai demandé à un prêtre si je pourrai retrouver mon complice au paradis, la réponse a été catégorique, c'était non... Et l'église m'a semblée injuste pour la première fois. 

Lors des voyages offerts aux enfants de cœur, j'assistais à la copieuse alcoolisation de certains prêtres suivie de leurs tonitruantes engueulades et je ne comprenais pas le décalage entre leurs sermons et leur comportement. Leur divine mission n'était-elle pas de nous montrer l'exemple, l'intérêt de la compassion et de l'abnégation ? 

C'est seulement vers dix ans, en arrivant au collège que j'ai appris que certaines personnes n'étaient pas baptisées. Cela ne m'était jamais venu à l'idée, le baptême était pour moi un passage obligé, une évidence à laquelle personne ne pouvait ni ne désirait échapper. Cela m'a profondément choqué car je regardai tous ces jeunes en me disant que les portes du paradis leur seraient à tout jamais fermées. Pourquoi leur comportement dans leur vie de tous les jours ne prime-t-il pas  sur cette symbolique aspersion ? Dieu serait-il inique à ce point là ? Je ne pouvais m'y résoudre et, faute de cela, je commençais à me poser de sérieuses questions sur la légitimité de l'église à parler au nom de Dieu. D'ou venait il ce bon droit qui paraissait être le sien ? Dieu avait il donné une sorte d'agrément à cette institution ? Que deviendraient mes amis musulmans ou athées ? Comment ce Dieu si bon, si tolérant, si juste pouvait-il au moment du jugement suprême prendre des décisions si arbitraires avec un tel absolutisme ? Comment l'église qui prêche le pardon, la compassion et la tolérance peut elle être aussi sectaire ? Pour résumer, il nous disait : " Faites ce que je dit, pas ce que je fais " et cela, je ne pouvait m'y résoudre. Si Dieu est omniprésent et omnipotent (qu'il est partout et tout-puissant ), pourquoi a-t-il créé un monde duquel il est absent et dans lequel il ne peut pas intervenir ?

Je crois parfois en un Dieu qui nous a créé, je crois de moins en moins à ces Dieux que l'homme a inventés.
Les églises sont souvent  sombres et froides, les musiques liturgiques sont tristes, les prêtres s'habillent de noir. Le meilleur moyen de remercier Dieu d'exister ne serait il pas d'exhiber sa joie de vivre ? Pourquoi Dieu serait il maussade ? (Vive le gospel )

Entre ma foi en un Dieu loyal et ma confiance dans une église injuste, je n'hésitais pas très longtemps. Les cours d'histoire du collège m'apprenaient tour à tour ce qu'était l'inquisition, les croisades, la Saint Barthélemy, la vente des parts de paradis, l'opulence du clergé sous la royauté et tout ceci renforçait jour après jour le bien fondé de mon choix. J'en éprouvait pourtant un malaise certain qui ne s'estompera certainement jamais et qui me conduit aujourd'hui à écrire ces quelques lignes. Je conserve le plus grand respect pour tous les religieux et pour tous les pratiquants, je ne suis pas anticlérical mais je veux garder le droit de réfléchir et celui de me forger ma propre idée d'un Dieu que je ne pourrai aimer que s'il me semble vraiment juste et bon.

Il y a tant de questions que l'église devrait se poser, tant de réponses qu'elle devrait nous donner. Pourquoi ne pas nous donner l'exemple d'une constante autocritique et d'une perpétuelle remise en question alors que c'est ce qu'elle nous demande très justement lors de la confession.

En 1610, Galilée expose la thèse sur la rotation de la terre et la fixité du soleil. Il est condamné à mort par l'église catholique, ses preuves scientifiques de cette grande découverte ne sont pas étudiées car pour le clergé, la terre est forcément le centre du monde, personne ne veut remettre en question la thèse géocentrique qui nous valorise. Pour échapper au bûcher il abjure (en ajoutant "et pourtant elle tourne") et est condamné à la prison ordinaire. Il faudra attendre la fin du vingtième siècle pour que Jean Paul II reconnaisse publiquement l'erreur de l'église. Faudra-t-il attendre encore quatre cents ans  pour qu'un Pape demande pardon pour n'avoir pas reconnu l'intérêt de l'utilisation du préservatif au moment ou l'épidémie du sida faisait des millions de morts ?

Pour en revenir à la légitimité de parler au nom de Dieu, qui sont ces connards de prédicateurs qui sévissent dans le monde entier et particulièrement aux États Unis et qui prétendent que c'est Dieu lui même qui a envoyé le sida sur terre pour mettre fin à la fornication. Comment osez vous, Messieurs, envisager l'existence d'un Dieu si abjecte, si odieux et si injuste ? Et si vous croyez vraiment cela, comment osez vous l'adorer ? Vous me faites vomir et j'ai vraiment envie de crier: "Vive Lary Flint !" (Pour ceux qui ne connaissent pas ce personnage contemporain, un conseil, lisez le livre ou voyez le film.)

Contrairement à ce que tout le monde croie, le célibat des prêtres n'est pas un principe fondateur de l'église : il ne fut instauré qu'en 1139, au concile de Latran (Pour éviter que leurs biens n'aillent à leurs femmes et à leurs enfants, belle motivation spirituelle ! ) 

Ce que je trouve grave dans le comportement de l'église, c'est de privilégier la clandestinité des relations amoureuses des prêtres. L'important parait être le fait que de tels agissements doivent à tout prix restés cachés. Qu'ils existent, cela n'est pas si grave et pour couvrir tout cela, l'église n'hésite pas à payer officiellement des pensions aux enfants de prêtres tout en demandant à la mère de s'engager à ne pas revoir le géniteur et à ne jamais dévoiler son identité à l'enfant !!

Dans un monastère français, vit un prêtre qui a passé trente années de sa vie en prison. Il était dans sa jeunesse le curé d'un petit village de l'Est de la France (Uruffe). Il fut condamné pour avoir tué la jeune fille qui lui avait donné un enfant, et pour avoir tué ce dernier à la naissance après l'avoir baptisé. On lui avait appris au séminaire que tout serait toujours préférable au scandale d'une relation avec une femme. C'est un cas extrême, je vous l'accorde mais c'est un fait d'actualité. 

On comprend mieux l'état d'esprit de certains ecclésiastiques envers la femme diabolisée par l'église en lisant le livre de Michel Benoît "Prisonnier de Dieu" (Livre de Poche n° 9659). Cet homme qui après de très brillantes études de biologie, entre dans les ordres à vingt-deux ans et devient frère Irénée nous raconte ses vingt et un ans de don de soi et de quête éperdue de Dieu, la vie quotidienne des moines. Il nous explique brièvement à quelles activités se livrent certains ecclésiastiques du Vatican avec les jeunes prostitués romains, et surtout pourquoi ils font cela avec de jeunes garçons plutôt qu'avec des femmes. Tout simplement parce qu'on leur a toujours appris que la femme est diabolique, qu'elle est le péché suprême. Je dis non. La femme est l'égale de l'homme, faire l'amour avec une femme est une chose naturelle, le faire avec de jeunes garçons est un crime, c'est cela que l'on devrait enseigner au séminaire. 

L'actualité nous montre en permanence  des jugements de prêtres pédophiles, bien sûr ils ne représentent qu'une infime partie du clergé, mais une seule vie d'enfant sacrifiée, cela reste un problème grave. Tout le monde sait que le célibat ecclésiastique pose des problèmes mais pour les traiter, il faut se remettre en question, reconnaître s'être trompé et comme nous l'avons vu précédemment avec Galilée, cela n'est pas le point fort de l'église. Évidemment quand je parle de problèmes, je ne pense pas seulement à l'image de l'église mais surtout aux vies gâchées par des comportements pervers qui n'auraient peut être pas vus le jour si ces hommes étaient libres de vivre une vie affective et sexuelle normale. 
Février 2001: Un évêque va être jugé pour "non dénonciation de crime" (Pédophilie), et dans tous les médias les ecclésiastiques disent se torturer l'esprit pour trouver la bonne réponse à ce problème important. J'aimerai leur dire que la question ne se pose pas ! En parlant vous sauvez la vie de plusieurs enfants, vous ne trouverez jamais quelque chose qui pèsera plus lourd dans l'autre plateau de la balance. Dans ces cas extrême, des gens courageux trouvent la force de dénoncer leur père, leur grand père, leur frère, leur mari. Alors au diable l'image de votre institution, au diable la compassion envers les pédophiles, sauvez des vies, Dieu vous le rendra.

Il faut à mon avis cesser d'établir des règles intransigeantes sans tenir compte des situations particulières qui font que la vie prend parfois un cours difficile. Pour illustrer mon propos, je cite un fait d'actualité paru dans Libération du 11 décembre 2000 sans le commenter : 
Une jeune fille avait souhaité avorter à son entrée en prison (à Fleury-Mérogis). A son retour en cellule, elle avait trouvé deux petits chaussons, un rose et un bleu, avec un poème qui se terminait par "Maman tu m'as tué". Dans la nuit la jeune femme s'est suicidée !. Je vous laisse méditer sur le fait que les gens qui ont fait cela prétendent défendre le respect de la vie.(Il s'agit de deux sœurs de Marie Joseph de la miséricorde employées par la prison, deux croisées de l'ordre moral.) 

L'univers est tellement incroyable quand on prend un peu la peine de le regarder et de l'analyser que cela soulève nécessairement des questions métaphysiques. Qui suis-je, qu'y a-t-il après la mort ? Personne ne peut y échapper... Seuls la religion et la science sont là pour nous répondrent. Quand la science n'explique pas tout, la religion peut prendre le relais mais pour cela, elle doit nous paraître claire et cohérente. L'homme change, l'image de Dieu aussi, l'église doit suivre. La théologie chrétienne devrait plus tenir compte des sciences de la nature. La théorie Darwinienne de la sélection naturelle ne fait pas que de détruire la belle image d'Adam et Ève, elle prouve également que la cruauté n'est pas divine et cela est autrement plus important à mes yeux. C'est la pertinence des idées qui font qu'elles se propagent, l'inverse est également vrai et c'est peut être là que l'on devrait chercher les raisons de la désertification des églises et l'attirance nouvelle des occidentaux vers le Bouddhisme.

Je dois enfin avouer ma rage quand je vois à la télé les leaders de l'extrême droite française se rendrent à l'église et communier. Ne serait ce pas là une belle occasion pour le prêtre de dire fermement dans son homélie que certaines idées comme le racisme et l'antisémitisme sont tout à fait incompatibles avec la foi chrétienne.(Il faudrait également le dire à leurs électeurs)
Je viens de lire dans le journal que Jorg Heider, le leader de l'extrême droite Autrichienne qui se montre en publique dans des réunions d'anciens Nazis, va être reçu par le Pape... Alors que l'église se voit continuellement reproché son silence pendant l'holocauste, est ce bien là ce qu'il convient de faire ? 

Pour finir je voudrai parler à tous ces gens qui sont peinés parce que l'église leur refuse l'hostie sous prétexte qu'ils ne sont pas baptisés ou confirmés, à ceux dont on n'a pas voulu bénir l'union sous prétexte d'un précédent divorce, à ceux que l'on a pas voulu baptiser car leurs parents n'étaient pas mariès, qu'ils étaient des "bâtards" (Cela est arrivé), à ceux qui ont un proche que l'on a pas béni lors de son dernier voyage car il s'était donné la mort. A tous, je voudrai dire en toute humilité, mon message est là. : Dieu vous aime, Dieu vous bénit car s'il existe, il est forcément bon,  compréhensif et compatissant, il n'est ni sectaire ni injuste !!! n'en doutez pas. S'il doit juger quelqu'un, ce sera sur ses actes. Il existe aussi sûrement un paradis pour les bons athées qu'un enfer pour les mauvaises grenouilles de bénitier.  
Vous vous demandez comment je peux me permettre de parler ainsi ? Je pourrai répondre comme un religieux face à ses incohérences "C'est le grand mystère de la foi" mais je dirai tout simplement que j'en suis certain. 

Je ne veux pas d'une spiritualité ou d'une religion "clé en main", je revendique aujourd'hui le droit de réfléchir, le droit de croire sans me mentir, le droit de croire sans me trahir.
Ne me parlez pas de blasphème, ce texte est une louange à Dieu. Le blasphème, pour moi, c'est l'atteinte à la dignité humaine, pas l'expression de son opinion sur les travers d'une institution qui, par ses si nombreuses imperfections, me semble beaucoup plus humaine que divine.

"La pensée est la pourpre de l'âme ; le blasphème en est le bâillon." (Victor Hugo)

Je crois qu'il n'y a de toute évidence que deux modes de pensée possible à l'égard de Dieu :
......- Ceux qui savent : Cette catégorie peut être divisée en deux sous-catégories :
.................. . Ceux qui savent que Dieu existe.
.................. . Ceux qui savent que Dieu n'existent pas. (Les uns prenant forcément les autres pour des idiots)

......- Ceux qui ne savent pas : Je suis dans cette catégorie là !

Voila, j'ai vidé mon sac... En résumé, vive l'église pour ce qu'elle a de bien, vive le paradis pour tous, vive le gospel, vive la réflexion personnelle et le libre arbitre, vive les femmes, et surtout : vive la liberté...

Remerciements à Benetton pour la photo du haut de page et à Michel Polnareff pour sa chanson "Nous irons tous au paradis" (Si je me souviens bien la suite est : "qu'on soit bénis ou qu'on soit maudits, on ira." )

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La nature veut qu'on jouisse de la vie le plus possible, et qu'on meure sans y penser. Le christianisme a retourné tout cela.
(Charles-Augustin Sainte-Beuve)

Lisez mon article satirique sur le paradis dans "Les échos de Franky" 


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